mercredi 31 décembre 2008

L'esprit de Noël, au balcon...

Pour notre premier Noël d'expat, notre organisation du mois de Juin avait été un peu foireuse...
A l'époque, nous devions survivre, avec un nouveau-né plutôt braillard, 3 autres adorables enfants, une fin d'année normalement chargée, un baptême à préparer, et deux déménagements (l'un partant en bateau vers Mascate, l'autre, contenant les choses inutiles, fragiles, ou trop futiles, restant dans un garde-meuble)
Il nous fallait donc faire des tris, des choix, donc des renoncements.
Nous avons oublié plusieurs choses, des lampes, les vêtements de bébé en 2 ans (hum, faut dire, on n'avait pas vraiment prévu que ce minus deviendrait si vite géant...), mais surtout, le carton de décorations de Noël, dont notre ravissante crèche de santons de provence...en revanche, le sapin artificiel, on ne sait par quel miracle, s'est retrouvé dans la caisse maritime.
Du coup, il a fallu re-créer un esprit de Noël, dans un pays chaud, et musulman, sans tomber dans le paganisme, le consumérisme, ou l'oubli...

La plupart des expatriés venant de Grande Bretagne, les rayons des grands magasins ont bien senti le filon, et proposent donc des guirlandes à profusion (nous sommes sauvés !).Quelques boules, des citrons, grenades et mandarines, des guirlandes lumineuses, et maintenant, des sucres d'orge rayés rouge, vert orange et jaune... La crèche à 1,800 Rials Omanais...

L'école française a participé à sa façon à la déco, introduisant chez nous le diable déguisé en Papa Noël de PQ, des sapins perdant leurs paillettes, des sablés décoratifs aux couleurs incertaines, entre le vert et le rouge (kaki douteux), ou des bougeoirs en bouteille plastique compressée, recouverte d'une guirlande chenille du meilleur effet (à admirer plus haut, ornant le calendrier de l'avent).

Et ma tante So', que je remercie vivement ici, m'ayant envoyé des photocopies de recettes de petits gâteaux alsaciens, nous avons garni des boîtes de ces biscuits délicieux, qui me font l'effet d'une petite madeleine célèbre.
Des petits pains d'épice, en forme de cochon, avec les vrais épices trouvés ici, écrasés par Anne-Persil-qui-se-décarcasse. Bon, j'avoue, je n'ai pas fait mon miel, je l'ai acheté tout prêt ! Une vraie réussite.
En revanche, un bon ratage : l'odeur des mandarines piquées de clous de girofle...du vrai moisi de Noël.

Une messe en français le 24 au soir, un déjeuner avec des amis dans une ambiance familiale le 25, quelques cadeaux couleur locale pour les enfants, et un petit plouf à la piscine,
JOYEUX NOEL !

samedi 20 décembre 2008

Sous les pavés, la plage


ou...sous l'auto-bloquant, la dune !!!



Quand on imagine une capitale, on pense souvent à une ville très moderne, urbaine, bétonnée à outrance... comme ici, aux Emirats Arabes Unis:
Ici, Mascate, il y a trente ans était un village: une route, des murs d'enceinte, les portes closes la nuit venue.
Aujourd'hui, la ville s'étend sur une trentaine de kilomètres, coincée entre mer et montagnes, égrennant ses quartiers, comme un chapelet, dont la corde serait la voie rapide, engorgée matin et soir.
Des travaux énormes vont permettre de l'alléger d'une partie de sa circulation, d'ici quelques mois.
Mais si la ville commence à se doter d'un réseau de voies rapides, d'immeubles de plus en plus hauts, de "mall" centres commerciaux climatisés et sans âme, et d'esplanades pour la promenade, il reste, ça et là, des terrains vagues, ou des entre-deux... de sable.


Près de chez nous, c'est très caractéristique. Les maisons sont donc des colosses aux pieds d'argile, des bâtisses construites sur le sable.
Il y a fort à parier que notre quartier a ressemblé à ça, il y a quelques années... Sur le chemin de l'école...une dune, encore sauvage, un troupeau de chèvres, et sa bergère, dans le rétroviseur.
Et pour entrer dans sa maison, sur quoi roule-t'on ??? Sur d' horribles pavés auto-bloquants. Partout, toujours. Pareils, mais différents:

Oui, une véritable diversité dans la gamme de la Laideur. Là, un projet ?

Pratique pour déterrer des canalisations !
Alors, aimez-vous ? Celui-ci est vraiment chouette...c'est le nôtre !

Débat du jour: doit-on sacrifier l'esthétique, au profit du pratique ??? Je ramasse les copies dans quelques jours, le temps pour vous de pondre un commentaire, quel qu'il soit !

vendredi 19 décembre 2008

Le paradis est à Misfat Al Abriyyin

Nous sommes arrivés un peu par hasard sur le jadin d'Eden, un petit bijou, niché au coeur de la montagne, un petit village habité, réhabilité intelligemment, entouré d'une palmeraie...



Pas de mots pour vous expliquer la quiétude de cette parenthèse verdoyante, sous la lumière du soleil couchant.





Derniers rayons de soleil...face aux jeunes jouant au football, des hordes de supporters en culottes courtes...


dimanche 14 décembre 2008

Wadi Bani Awf, ou les portes de l'Enfer


On l'a déjà dit, un Wadi, ici, signifie une vallée, souvent bien encaissée, et à l'extrême, elle est juste une fissure profonde, sur parfois plusieurs kilomètres.
L'excursion dans les wadis va de la ballade pépère, du fond de son fauteuil de voiture, à la remontée technico-sportive version canyonning, en passant par la ballade plus ou moins longue, et escarpée, ou encore la via ferrata.
Une petite palmeraie...(ça faisait longtemps)
Forcément, tout dépend du niveau sportif des usagers, du matériel qu'ils possèdent ou qu'ils louent, et de la motivation.

Avec nos 4 chérubins de 7, 5, 3, et moins d'un an, on est vraiment très limités. Les deux aînés ont du potentiel, mais ont peu conscience du danger, la troisième est en pleine crise d'opposition à la marche. Elle peut tenir 10 minutes, à force de chansons, de compliments ( "Oh, ma chériiiiiiiiiiiie, tu marches comme une vrai chevrette des montagnes !" ) et de chantages honteux. Et le petit dernier avoisine les 10 kilos.

Nous avons donc renoncé aux balades vertigineuses, aux sentiers un peu longs, et nous tâchons de ne pas trop ressasser notre frustration.
Il nous reste l'entrée des wadis, et le spectacle est déjà grandiose...
Notez l'empreinte de l'eau, lorsque les terres étaient immergées !

Little Snake canyon:


Au bout de quelques centaines de mètres, nous sommes bloqués. il faudrait contourner de gros blocs de pierres, nager dans des vasques...nous laissons ces loisirs à d'autres (clin d'oeil au blog de la tribu des wadis, en lien à gauche !)


Snake Canyon, vu de haut (pour les vrais sportifs...)

Tant pis, nous remontons dans notre carrosse, suivant la piste vertigineuse, bravant la peur du vide, et la hantise de croiser un local pressé de rentrer... Une semaine après cette escapade, nous apprendrons qu'une voiture transportant 11 personnes (oups) s'est écrasée en tentant de reculer, tuant la totalité de ses passagers. Heurk !

La vie offre parfois des choix douloureux...Mais après les portes de l'enfer, le doigt de Dieu...Au point le plus haut, une belle récompense: Et pour redescendre sur l'autre versant, un toboggan de bitume. Passer du "canton" de Rustaq, à celui de Nizwa, quel changement !

samedi 13 décembre 2008

Sous le soleil...la misère, parfois !

Les Omanais qui vivent à Mascate sont globalement très riches. Ceux qui vivent en campagne peuvent être parfois très pauvres, malgré la volonté musclée du Sultan de désenclaver les petits villages en offrant des voitures, et des "relogements forcés" dans la ville du coin. (si bien que cetains hameaux de montagnes sont devenus des villages fantômes, sans vie, juste là pour les cartes postales)
Mais les pauvres parmi les pauvres sont les immigrés du continent indien, qui forment des bataillons de chair à sueur, courbés sur des chantiers titanesques de routes, immeubles, et projets de villes nouvelles. Car ici, on voit grand, et vite.
Cet immeuble est sorti de terre en 3 mois:
Près de chez nous se construit une nouvelle route.
Actuellement, nous sommes en hiver, il fait 29° à l'ombre l'après-midi, ce qui est très supportable (encore que bosser comme un dingue en plein soleil 12 heures de suite reste une épreuve). Mais l'été, le thermomètre ne dépasse soi-disant jamais les 50° à l'ombre, afin de ne pas cesser le travail...Donc officiellement, pas de jour-off...On vous en reparlera en mai et juin, on a un thermomètre précis, avec sonde externe, à l'abri du vent et du soleil.Pose de notre ravissant portail, par des Indiens...6 hommes, 8 heures de travail...(en France, il aurait fallu au moins une semaine !)
Ces ouvriers travaillent généralement aux "2x12h", ils ont une pause pour avaler vite-fait la gamelle qu'ils ont préparée eux-mêmes. Ils ont un jour de pause par semaine, qu'ils consacrent à la lessive, la douche, et la préparation des repas de la semaine !J'ignore si ils sont tout le temps soit de nuit, soit de jour, ni comment tournent les jours de repos, ce que je constate, c'est que les chantiers avancent jour et nuit, à une vitesse époustouflante, malgré les moyens parfois dérisoires qui leur sont offerts (des pinceaux ridicules pour recouvrir des kilomètres de béton, des pelles aux manches cassés...)
Là, des pakistanais creusant un fossé dans notre rue. On aperçoit un homme en tenue orange sur la gauche des arcades. C'est celui qui tente de ramasser les ordures des Omanais qui jettent leurs papiers sans scrupules par les fenêtres du 4x4...

Leur logement se fait à deux pas des chantiers, dans la poussière et le sable, dans le bruit des engins, et l'odeur du goudron. Ils logent dans des "portacabins" (préfabriqués) probablement en dortoirs, et touchent royalement 40 ou 50 Rials Omanais, soit actuellement 80 à 100 euros...(nourriture non comprise)


Officiellement, pas de chiffres sur leur espérance de vie. Aucune sécurité dans les chantiers, ils semblent l'accepter, et faire avec...Pas de contrat de travail, par de revendications syndicalistes...bien pratiques pour des patrons bien peu scrupuleux de la dignité humaine...
De plus près, ça donne ça:
Ils sont aussi très champions pour tenter leur chance en traversant l'autoroute de nuit, en tongues... Une amie d'ici les surnomme les "futurs suicidés de la chance " :(
Hier soir encore, nous avons eu une grande frayeur...entre chien et loup, notre 4x4 filait sur l'autoroute, les ouvriers en repos attendaient de part et d'autre de l'autoroute, l'un d'eux s'est lancé sans nous voir, semble-t'il...un bon coup de frein lui a probablement sauvé la vie.

Vendredi, jour de pause (encore que les chantiers les plus importants ne soient jamais arrêtés)
Lorsqu'on les voit à 2 ou 3 dans la grande surface du coin, portant 2 sacs de 50 kilos de riz, c'est qu'ils ont pris leur tour pour faire la popotte à tous les copains ! (mauvaise pioche, quand on imagine qu'ils rêveraient sûrement de reposer leurs corps meurtris par les efforts et la déshydratation)
Une fois qu'ils ont acheté une chemise qui leur servira de tenue de sortie, ou remplacé leur paire de tongues, ils se précipitent dans les centres d'envoi de cash, et à défaut de pouvoir passer du bon temps avec leur épouse et leurs enfants restés au pays, ils envoient le fruit de leur travail, attendant leur future réincarnation dans une vie meilleure...