samedi 13 décembre 2008

Sous le soleil...la misère, parfois !

Les Omanais qui vivent à Mascate sont globalement très riches. Ceux qui vivent en campagne peuvent être parfois très pauvres, malgré la volonté musclée du Sultan de désenclaver les petits villages en offrant des voitures, et des "relogements forcés" dans la ville du coin. (si bien que cetains hameaux de montagnes sont devenus des villages fantômes, sans vie, juste là pour les cartes postales)
Mais les pauvres parmi les pauvres sont les immigrés du continent indien, qui forment des bataillons de chair à sueur, courbés sur des chantiers titanesques de routes, immeubles, et projets de villes nouvelles. Car ici, on voit grand, et vite.
Cet immeuble est sorti de terre en 3 mois:
Près de chez nous se construit une nouvelle route.
Actuellement, nous sommes en hiver, il fait 29° à l'ombre l'après-midi, ce qui est très supportable (encore que bosser comme un dingue en plein soleil 12 heures de suite reste une épreuve). Mais l'été, le thermomètre ne dépasse soi-disant jamais les 50° à l'ombre, afin de ne pas cesser le travail...Donc officiellement, pas de jour-off...On vous en reparlera en mai et juin, on a un thermomètre précis, avec sonde externe, à l'abri du vent et du soleil.Pose de notre ravissant portail, par des Indiens...6 hommes, 8 heures de travail...(en France, il aurait fallu au moins une semaine !)
Ces ouvriers travaillent généralement aux "2x12h", ils ont une pause pour avaler vite-fait la gamelle qu'ils ont préparée eux-mêmes. Ils ont un jour de pause par semaine, qu'ils consacrent à la lessive, la douche, et la préparation des repas de la semaine !J'ignore si ils sont tout le temps soit de nuit, soit de jour, ni comment tournent les jours de repos, ce que je constate, c'est que les chantiers avancent jour et nuit, à une vitesse époustouflante, malgré les moyens parfois dérisoires qui leur sont offerts (des pinceaux ridicules pour recouvrir des kilomètres de béton, des pelles aux manches cassés...)
Là, des pakistanais creusant un fossé dans notre rue. On aperçoit un homme en tenue orange sur la gauche des arcades. C'est celui qui tente de ramasser les ordures des Omanais qui jettent leurs papiers sans scrupules par les fenêtres du 4x4...

Leur logement se fait à deux pas des chantiers, dans la poussière et le sable, dans le bruit des engins, et l'odeur du goudron. Ils logent dans des "portacabins" (préfabriqués) probablement en dortoirs, et touchent royalement 40 ou 50 Rials Omanais, soit actuellement 80 à 100 euros...(nourriture non comprise)


Officiellement, pas de chiffres sur leur espérance de vie. Aucune sécurité dans les chantiers, ils semblent l'accepter, et faire avec...Pas de contrat de travail, par de revendications syndicalistes...bien pratiques pour des patrons bien peu scrupuleux de la dignité humaine...
De plus près, ça donne ça:
Ils sont aussi très champions pour tenter leur chance en traversant l'autoroute de nuit, en tongues... Une amie d'ici les surnomme les "futurs suicidés de la chance " :(
Hier soir encore, nous avons eu une grande frayeur...entre chien et loup, notre 4x4 filait sur l'autoroute, les ouvriers en repos attendaient de part et d'autre de l'autoroute, l'un d'eux s'est lancé sans nous voir, semble-t'il...un bon coup de frein lui a probablement sauvé la vie.

Vendredi, jour de pause (encore que les chantiers les plus importants ne soient jamais arrêtés)
Lorsqu'on les voit à 2 ou 3 dans la grande surface du coin, portant 2 sacs de 50 kilos de riz, c'est qu'ils ont pris leur tour pour faire la popotte à tous les copains ! (mauvaise pioche, quand on imagine qu'ils rêveraient sûrement de reposer leurs corps meurtris par les efforts et la déshydratation)
Une fois qu'ils ont acheté une chemise qui leur servira de tenue de sortie, ou remplacé leur paire de tongues, ils se précipitent dans les centres d'envoi de cash, et à défaut de pouvoir passer du bon temps avec leur épouse et leurs enfants restés au pays, ils envoient le fruit de leur travail, attendant leur future réincarnation dans une vie meilleure...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

post-Nice. Merci